Elections Parlementaires Européennes : quel rôle doivent jouer les associations dans la mobilisation électorale ?
PLS a souhaité interroger le rôle de la société civile organisée quant à la redynamisation de la démocratie représentative au vue de la baisse régulière de la participation aux élections. Le 25 mars 2009, CBCS, Mouvement Européen-Belgique et CEDAG se sont joints à la rencontre, ont présenté les initiatives qu’ils ont mises en place et ont contribué aux débats avec l’expertise de leur organisation.
Diane Grossot, Pour la Solidarité - PLS, a resitué la rencontre dans le contexte du lancement de la campagne pour lesélections parlementaires européennes , de l’apathie des citoyens pour la chose politique qui se traduit par une faible participation aux scrutins et du sentiment d’impuissance des pouvoirs publics. Le Parlement européen est la seule institution de l’Union européenne élue au suffrage direct sur un mandat strictement européen, l’élection de ses membres tous les 5 ans représente donc la seule possibilité de mesurer l’intérêt des citoyens pour l’UE.
Les associations informent, défendent et représentent les intérêts et droits, tour à tour, d’habitants, d’usagers, de consommateurs, de minorités et autres groupes et à ce titre, font pression sur les élus et en cette période préélectorale, sur les candidats. Etant donné le peu d’efficacité des cours d’éducation civique et de la communication institutionnelle à encourager les citoyens à se rendre aux urnes, est-ce le rôle des organisations de la société civile de pallier ces carences ? Ont-elles les moyens nécessaires d’expliquer l’impact des questions débattues par le Parlement européen sur la vie quotidienne des citoyens ? Conscients du capital « confiance » dont bénéficient lesassociations, les pouvoirs publics font de plus en plus souvent appel aux associations pour communiquer un message et dans certains cas de figure, on peu craindre une instrumentalisation.
Quel positionnement adoptent les ONG et quels dispositifs mettent-elles en place pour assurer le fonctionnement de la démocratie représentative ?
Alain Willaert, du Conseil Bruxellois de Coordination Sociopolitique - CBCS, a demandé l’amélioration du soutien aux organismes de coordination afin de leur permettre de consulter plus efficacement leur base, s’informer (lectures, échanges internationaux, etc.), produire les études, évaluations et analyses nécessaires à une compréhension des réalités professionnelles et des besoins de la population, nourrir de façon constructive les débats entre secteurs et avec les pouvoirs publics. L’histoire politique de la Belgique a mené à un découpage institutionnel qui ne correspond pas aux problématiques de terrain. L’architecture institutionnelle est devenue peu lisible pour les citoyens. Le CBCS recommande aux mandataires politiques de repenser l’architecture institutionnelle et la répartition des compétences au sein des différents niveaux de pouvoir pour qu’elles facilitent un déploiement structuré et global de l’offre de services publics et non-marchands à la population avec pour effet de rendre plus lisible l’action politique. Selon lui, le désinvestissement des pouvoirs publics belges francophones concernant le financement des modules d’éducation à la citoyenneté dans le cadre de l’insertion socioprofessionnelle est une erreur, d’autant plus qu’il est question de réintégrer ces modules dans d’autres structures.
Maïté Abram du Mouvement Européen-Belgique - MEB a souligné que l’Europe s’est construite sans les citoyens. A titre d’exemple, 47% des Belges ne savent pas qu’ils élisent directement leur député européen c’est-à-dire qu’ils ne l’identifient pas et ne peuvent pas vérifier s’il applique ses engagements de campagne. Trop souvent, on met l’accent sur la communication au détriment du contenu pédagogique. L’Union européenne, ses institutions et leurs compétences doivent être expliqués aux citoyens européens et spécialement aux jeunes électeurs. Le MEB a développé à leur attention un almanach pédagogique et ludique. Il débute 100 jours avant les élections et les initie aux élections européennes par l’intermédiaire de quizz, affiches électorales, citations contemporaines et dessins humoristiques. Le rôle du monde associatif dans le cadre de la sensibilisation aux élections se limite à l’organisation de débats, soirées culturelles, sessions pédagogiques et ne se substitue nullement à la responsabilité des candidats de se positionner sur des enjeux politiques.
Jeff Weitzel du Comité Européen des Associations d’Intérêt Général - CEDAG, considère que la société civile organisée n’a pas pour mission de « vendre l’Europe » mais qu’elle doit exploiter la connaissance qu’elle a des préoccupations quotidiennes des citoyens pour influencer le contenu des manifestes des partis politiques européens. La plupart des questions qui préoccupent les Européens ne relèvent pas des compétences communautaires mais sont légiférées par les Etats membres, tels les services sociaux ou l’éducation. Actuellement, la mobilisation des citoyens pour les élections parlementaires est rendue d’autant plus difficile que l’incertitude concernant la ratification du traité de Lisbonne ne permet pas d’expliquer précisément quelles seront les prérogatives des parlementaires qu’ils éliront. Le CEDAG base son travail de sensibilisation aux élections sur l’action des plateformes nationales afin de respecter les différents contextes nationaux et de se rapprocher des citoyens.
Les participants ont souligné que la législation communautaire ainsi que les limites de la responsabilité de l’Union européenne envers ses citoyens restent encore trop peu lisibles.