Lutte contre les discriminations : quelques bonnes pratiques européennes
Notes d'analyse, RSE & Diversité, octobre 2006
La discrimination pose la question de l’immigration. Selon le philosophe Jean-François Gaudreaux il convient de s’intéresser à la notion d’étranger. En France, au XVIIIème siècle, l’étranger était avant tout un voisin proche. On parlait de l’auvergnat, du breton, chaque groupe de population avait ses spécificités, avec une langue régionale propre. Les principes républicains, dans un souci de cohésion nationale, ont voulu aplanir les différences régionales. C’est pourquoi l’État français a longtemps été un état centralisé, ou encore que la pratique des langues régionales n’a été autorisée qu’à partir des années 1980. Pourtant, certaines représentations perdurent, pour preuve, des expressions et rôles sociaux connotés régionalement subsistent dans le langage commun : « les corses sont paresseux », « les savoyards sont charbonniers », … Puis est arrivé le temps des colonies et de la suprématie à la française. Dès lors, l’étranger est celui qu’on ne connaît pas, qui a un autre mode de vie, une autre culture. Culture qui n’est d’ailleurs par reconnue. Les pays occidentaux se présentent comme les sauveurs des peuples colonisés, auxquels ils apportent « civilisation » et éducation. La supériorité coloniale va de soi, elle est complètement intégrée dans les pays européens comme le souligne cette citation de Victor Hugo : « Le Blanc a fait du noir un homme. Au XXème siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde ».
Aujourd’hui encore c’est autour de ce terme d’« étranger » que se canalisent les tensions. Mais qu’est-ce qu’être étranger ? Être fils d’immigré fait-il de notre voisin un être différent ? Selon M. Gaudreaux, la discrimination s’articule autour d’une dialectique perverse de l’ailleurs. Elle se fonde sur la peur de l’autre. Une part importante de la population à tendance à adopter la stratégie de l’entre soi, c’est-à-dire qu’elle ne cherche pas à sortir de son groupe de pairs. Ce repli va encore plus favoriser la diabolisation de l’autre. Cette logique de l’entre soi est très visible dans la question scolaire. En effet, toute une stratégie d’évitements est mise en oeuvre par les familles pour que leurs enfants aillent dans telle ou telle école qui accueille peu, voire pas de jeunes issus des quartiers difficiles ou de l’immigration.