La Belgique adopte un Plan d’Action National de Lutte contre les violences basées sur le genre
Le Plan d’Action National de lutte contre les violences de genre (PAN) 2021-2025 a été adopté par l'ensemble des gouvernements belges le vendredi 26 novembre 2021. Élaboré en concertation avec les acteurs et actrices de la société civile, il prévoit plus de 200 mesures réparties entre 17 ministères et 23 administrations. Il ambitionne de permettre à la Belgique d'honorer la Convention d'Istanbul et de "parvenir à une réelle égalité entre les hommes et les femmes".
Piloté par Sarah Schlitz, Secrétaire d'État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, ce sixième PAN poursuit le travail de la Belgique entamé en 2001 contre les violences liées genre. S'inscrivant dans les objectifs de la Convention d'Istanbul, ratifiée par la Belgique le 14 mars 2016, il prend en compte les remarques des experts ainsi que celles de la société civile, qui "continuera d’être associée à la mise en œuvre et à l’évaluation de ce plan", selon les paroles de la Ministre.
Objectif "Zéro Féminicide"
Point d'aboutissement le plus tragique des violences liées au genre, les féminicides sont encore une réalité largement invisibilisée en Belgique. À ce jour il n'existe toujours aucune base de donnée officielle concernant les statistiques de ces crimes. Le seul décompte existant est celui de la Plateforme féministe contre les violences faites aux femmes, qui se base sur des articles de presse et qui a recensé 18 cas de féminicides sur le territoire national durant l'année 2021.
Prenant acte de cette réalité, le Plan prévoit d'étudier ce phénomène de manière qualitative ainsi que d'adapter les manières d'enregistrer les données par la police afin d'obtenir des statistiques quantitativement exactes. Il projette également d'intensifier le suivi des dossiers, en obligeant les policier·ère·s à recontacter régulièrement les femmes ayant déposé une plainte pour s'assurer que leur situation est stable ou pour agir le cas échéant, ainsi que des mesures visant à permettre un accueil 24h/24h dans les commissariats.
Ces réformes administratives seront accompagnées de créations de formations à destination des professionnel·le·s en contact avec des personnes ayant subi des violences liées au genre. Bien qu'en 2020 une formation approfondie en matière de violences sexuelles et intrafamiliales avait été rendue obligatoire pour l'ensemble des magistrat·e·s de Belgique, trop peu de corps de métiers sont encore suffisamment formés pour détecter les signes de violence ou accueillir la parole des victimes. À cette fin, le Plan prévoit de former un ensemble large de professionnel·le·s, incluant la police, les médecins, ou encore le personnel psychosocial.
D'autres mesures devraient être appliquées pour offrir des leviers d'action à différents stades de l'escalade des violences, comme la possibilité de ne pas faire apparaître sur les factures téléphoniques le numéro d’appel pour violence conjugale, l’évaluation d’un projet pilote d’une alerte sur smartphone contre le harcèlement qui consiste pour les victimes à disposer, où qu’elles soient, d'un bouton d’alarme via leur smartphone, ou encore des actions de sensibilisation contre le cyberharcèlement pour rappeler les sanctions prévues et "améliorer le signalement et la répression de toutes les formes de violence sexuelle numérique".
Renforcer l'autonomie économique des femmes
Le renforcement de l'autonomie économique des femmes constitue un autre pilier d'action pour les prévention des violences liées au genre. Des actions sont engagées dans ce but, tant par une réforme du fonctionnement du SECAL (Service des créances alimentaires) que par un renforcement de l'implication du milieu professionnel dans cette cause. Le Plan prévoit ainsi de prendre de nouvelles mesures de soutien pour les victimes de violence et de harcèlement dans le monde du travail, par le biais de formations, de sensibilisations et de séances d'informations. Il prévoit également de mener de nouveaux partenariats "à l’image des collaborations dans le cadre du projet CEASE", afin d'impliquer les entreprises dans la lutte contre la violence entre partenaires.
POUR LA SOLIDARITÉ-PLS avait participé au projet CEASE, et ravive aujourd'hui son réseau pour qu'un maximum de structures pourvoyeuses d'emplois s'engagent, pour qu'un maximum d'employ.é.e.s soient formé.e.s, et pour qu'un maximum de victimes de violences conjugales puissent être aidées.
Pour rejoindre le réseau CEASE, contactez-nous !